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un monde inconnu

et compris les sentiments qui faisaient battre leurs cœurs, Mérovar les laissa quelque temps à leurs réflexions ; puis, reprenant sa marche, il se dirigea suivi de ses compagnons du côté de l’énorme cratère de Letronne.

Le sol sur lequel ils s’avançaient était hérissé d’aspérités qui, malgré leur agilité, rendaient souvent leur marche pénible et lente : nulle trace de terre ou de sable ; partout la roche nue, aux arêtes vives et tranchantes, réfléchissait avec une insoutenable intensité une lumière blanche et crue. Sans la précaution prise de teinter fortement de bleu les plaques de cristal qui permettaient à leur vue de s’étendre au dehors, ils n’auraient pu en supporter l’éclat.

À une distance d’environ quatre kilomètres, ils se trouvèrent dans une région complétement unie, dont le sol ne présentait plus aucune irrégularité. On eût dit la surface tranquille d’un lac subitement congelé.

Le savant Mérovar s’arrêta et, accrochant à la sphère qui recouvrait la tête de Marcel son fil téléphonique :

« Voilà, lui dit-il, l’emplacement que nous avons choisi pour y établir les signaux lumineux qui pourront être aperçus de la Terre.

— Il me paraît, répondit Marcel, parfaitement convenir ; mais je ne vois rien ici des préparatifs que vous sembliez m’annoncer.

— Soyez sans crainte, vous serez bientôt édifié à cet égard. »

Et il lui expliqua que les astronomes de l’observatoire avaient songé à attirer l’attention de leurs confrères de la Terre par de puissants foyers électriques, et que déjà tout était préparé à l’observatoire même pour réaliser ce projet. Ils étaient convaincus que leurs signaux seraient aperçus cette fois, maintenant surtout que l’éveil était donné par la tentative si heureusement réussie des trois voyageurs. Il ne restait plus qu’à arréter avec eux la forme de signaux capables à la fois d’être compris et de rassurer leurs amis. Jacques et lord Rodilan, qui avaient accroché leurs fils à la sphère de Marcel, écoutaient cette communication et, autant que pouyait le leur permettre leur étrange costume, manifestaient une vive émotion. Jacques surtout, qui pensait que Mathieu-