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un monde inconnu

Et il s’avança vers le nouvel arrivant.

C’était un homme dans toute la force de l’âge. Son front élevé dénotait un esprit méditalif et ses yeux brillaient de la plus vive intelligence ; ses traits étaient graves et doux. Il avait approfondi les sciences de la vie et passait à juste titre pour l’un des plus versés dans la connaissance de toutes les questions qui intéressent l’organisme.

Lorsqu’il arriva, Mérovar reprenait déjà l’usage de ses sens, et se rendait compte de ce qui se passait autour de lui ; mais, trop affaibli encore par l’ébranlement qu’il avait subi dans tout son être, il ne pouvait qu’assister, spectateur ému mais impuissant, aux efforts tentés pour sauver ses amis.

Azali s’approcha des trois corps qui gisaient étendus sur une large couche, et, sur son ordre, on les dépouilla de leurs vêtements. Il les ausculta minutieusement ; puis, se relevant :

« Tout espoir n’est pas perdu, dit-il ; mais il faut se hâter. »

Il fit un signe à un jeune Diémide qui l’avait accompagné. Celui-ci s’éloigna et revint bientôt porteur de trois appareils spéciaux dont Azali avait pris soin de se munir en prévision de ce qui allait se passer. Ces appareils consistaient en une sorte de cage formée de fils métalliques embrassant exactement le thorax et disposée de façon à pouvoir jouer librement. Ces fils étaient agencés de manière à ce que leurs pointes vinssent s’appuyer sur les muscles dont la contraction et l’extension déterminent dans l’être vivant les mouvements d’aspiration et d’expiration. Un courant électrique, d’une intensité proportionnée aux résultats qu’on voulait obtenir, agissait à l’aide des fils sur les muscles de la poitrine et déterminait ainsi un phénomène artificiel de respiration d’une parfaite régularité.

Les trois corps inanimés furent revêtus de ces appareils qui, sous l’influence du fluide électrique, se mirent immédiatement à fonctionner. Le physiologiste en suivait le jeu d’un œil attentif. En même temps, les inhalateurs, mis en mouvement avec de minutieuses précautions, faisaient pénétrer dans la poitrine des moribonds des ondes bienfaisantes d’ozone destinées à remplacer l’air vicié qui la remplissait, et à purifier les organes souillés.