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un monde inconnu

tenace, et ce travail de Titans ne s’était pas accompli sans de durs et pénibles efforts.

Ainsi s’était trouvée constituée une épaisse muraille artificielle, faisant corps avec la masse rocheuse elle-même et aussi solide qu’elle.

Cela fait, on avait dû songer à débarrasser la cheminée et l’observatoire de l’air vicié qui les remplissait.

Pour y parvenir, des ouvertures avaient été pratiquées dans la partie supérieure du vitrage de la salle qu’occupaient les grandes lunettes et dans les baies qui éclairaient la partie inférieure du monument. Puis des ventilateurs puissants, disposés en bas de la cheminée et fonctionnant sans relâche, ajoutant leur action à celle des pompes qui servaient d’ordinaire, avaient peu à peu remplacé par un air pur l’atmosphère mortelle qui la remplissait. Cela avait duré longtemps, et, pendant que cette œuvre d’épuration s’accomplissait, la région où était situé l’observatoire avait successivement passé de la période de lumière à la période d’ombre.

Et c’était un spectale étrange que de voir ce torrent de gaz et de vapeurs se condenser instantanément sous l’action du froid de l’espace, et retomber sur le sol en flocons neigeux.

Quatre mois s’étaient écoulés depuis l’accident qui avait interrompu si malencontreusement l’échange commencé de communications avec les astronomes de Long’s Peak.

Les travaux avaient enfin repris leur cours, et le sage Rugel s’était empressé de se rendre auprès de Marcel qui, après son entretien décisif avec Oréalis, avait, sans plus tarder, regagné la capitale du monde lunaire et attendait avec impatience le moment où il pourrait renouveler ses tentatives.

Jacques et lord Rodilan, qui n’avaient pas eu les mêmes raisons que Marcel pour oublier le but poursuivi, avaient, plus que lui peut-être, hâte de rentrer dans une vie plus active. Tous les trois apprirent avec joie la bonne nouvelle que leur apportait Rugel, et l’on revint à l’observatoire. Le père d’Oréalis, bien qu’il accueillit avec une égale affabilité les trois étrangers, paraissait cependant témoigner à Marcel une affection plus grande et qui avait quelque chose de paternel. Dans ses fréquentes visites, il n’avait pas été sans remarquer l’état d’âme dans lequel se trouvait le jeune ingé-