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un monde inconnu

poursuivons, rien ne s’opposera à ce que nous le fassions de même pour le retour. Voyez Marcel : il n’a pas un instant d’hésitation ni de doute ; voyez lord Rodilan : son calme superbe n’est-il pas la garantie d’une réussite assurée ?

— Ah ! s’écria Hélène, ces gens-là n’aiment pas et ne laissent pas derrière eux quelqu’un qui les aime.

— Mais, chère âme, c’est précisément parce que je vous aime et que je veux vous obtenir que je me résigne à vous causer de pareilles angoisses. Vous savez bien qu’aucun autre moyen ne s’offre à moi de fléchir la volonté de votre père. Que je revienne, et il m’accordera votre main. Si je refusais maintenant de partir avec mes amis, je serais déshonoré ; votre père me bannirait à jamais de sa présence ; tout espoir d’être votre époux serait perdu et je n’aurais plus qu’à mourir triste et désespéré.

— Mourir, vous, Jacques ! vous savez bien que je ne vous survivrais pas.

— Mais je reviendrai, j’en ai l’inébranlable conviction. Ne m’enlevez pas, à ce moment cruel de la séparation, le courage dont j’ai besoin pour m’éloigner de vous.

— Allez donc, murmura-t-elle en étouffant mal ses sanglots, et que Dieu nous protège tous. »