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les observateurs de long’s peak

Tout à coup il poussa un cri. On s’empressa autour de lui. Il bégayait : « Je ne les vois plus. »

Tous s’approchèrent et regardèrent à leur tour.

« Parbleu ! s’écria l’honorable W. Burnett, le directeur de l’observatoire, ils sont tombés dans une rainure.

« Voyez en effet, ajouta-t-il, cette fissure de l’écorce lunaire qui serpente au pied de la chaîne du Caucase ; elle ne nous apparaît que comme une fine ligne noire tracée à l’encre ; mais elle a en réalité plusieurs kilomètres de largeur, espace plus que suffisant pour livrer passage à des milliers de projectiles de ce calibre. Et, fit-il en se tournant vers Mathieu-Rollère, c’est sans doute parce qu’ils se sont aperçus de la direction que prenait l’obus, qu’ils ont réservé pour le dernier instant les fusées destinées à amortir leur chute.

— Mais, reprit Mathieu-Rollère, et sa voix tremblait d’émotion, que vont-ils devenir au fond de cet abîme ?

By God, fit l’Américain, voilà une question à laquelle je suis assez embarrassé de répondre. La rainure dans laquelle ils semblent être tombés, provenant d’un craquement de l’écorce lunaire, doit avoir, selon toute probabilité, des bords taillés à pic, et l’ascension doit en être difficile. D’un autre côté, si, comme les dernières observations permettent de le supposer, les basses régions lunaires renferment encore de l’air, ils ont plus de chances, en sortant de leur obus, de rencontrer une atmosphère respirable.

— Sur mon âme, grommela un des jeunes attachés de l’observatoire, je ne donnerais pas 10 schellings de leur peau. »

Hélène était tombée évanouie et le vieux savant s’efforcait de la rappeler à la vie.

Pour tous les observateurs des Montagnes Rocheuses les trois voyageurs étaient irrémédiablement perdus.