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exploration dans l’inconnu

crevasses, des cavités de toutes sortes. Nous n’aurons sans doute que l’embarras du choix.

— Hâtons-nous donc, dit lord Rodilan ; j’ai assez de cette inaction et je ne serais pas fâché de faire connaissance avec nos nouveaux compatriotes. »

Cette résolution prise, les trois amis commencèrent leur exploration. À l’endroit où l’obus avait échoué, la muraille de la caverne n’était qu’à une faible distance du rivage, mais bientôt l’espace s’agrandissait, le lac intérieur s’éloignait, et comme ce qu’ils cherchaient c’était une issue à travers la montagne, ils continuèrent à suivre la paroi en l’observant attentivement. Ils marchaient depuis une heure environ sur un sable fin lorsque lord Rodilan, qui allait en avant, leur cria :

« Nous voici, je pense, au fond de la caverne. »

Et, projetant les rayons de sa lampe, il leur désignait du doigt une masse de rochers noirs qui coupaient brusquement la grève.

« C’est un obstacle à contourner, dit Marcel après avoir regardé attentivement. Autant que j’en puis juger, ces rochers s’abaissent assez rapidement du côté du lac. »

Au bout de quelques minutes en effet ils se retrouvèrent au bord de l’eau, où la muraille granitique plongeait, formant une sorte de cap. Le désordre chaotique de ces masses profondément bouleversées, aux arêtes vives, aux cassures nettes et aux parois polies, que la lumière de leurs lampes réunies permettait de distinguer nettement, éloignait toute idée d’escalade possible.

« Que faire ? dit Jacques.

— Pardieu ! dit lord Rodilan, il faut entrer dans l’eau et au besoin passer à la nage. »

Et déjà il s’avancait dans l’eau.

« Prenez garde, dit Marcel, allez avec précaution, et, à l’aide de votre bâton ferré, sondez attentivement le fond. »

Et tous les trois s’avancèrent ainsi derrière leur guide, qui tâtait soigneusement le terrain. Bientôt ils arrivèrent à l’extrémité du cap ; ils avaient de l’eau jusqu’à la ceinture. Bien que leurs vêtements de caoutchouc, hermétiquement clos, les empêchassent