Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/361

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si ce n’est l’envieux. Tant que bon vous semble, grossissez-en le monceau ; elles sont honnêtes : bien qu’il s’y trouve beaucoup d’objets dont tout homme voudrait se dire propriétaire, il ne s’y rencontre rien que personne puisse dire sa propriété. Quant au philosophe, il n’écartera point de lui l’obligeance de la fortune, et, possesseur d’un patrimoine amassé par des moyens honnêtes, il n’aura l’idée, ni de s’en glorifier, ni d’en rougir. Il aura cependant encore sujet de se glorifier, si, ayant ouvert sa maison, ayant admis le corps entier des citoyens à pénétrer dans ses affaires, il peut dire : « Ce que chacun aura reconnu pour être à lui, qu’il l’emporte ». Oh ! le grand homme, le riche par excellence, si le fait est d’accord avec de telles paroles, si, après les avoir prononcées, il possède encore autant, je veux dire, s’il a pu en toute sûreté offrir au public de fouiller, si personne n’a rien trouvé chez lui sur quoi mettre la main ! C’est hardiment, c’est avec publicité, qu’il sera riche. De même que le sage ne laissera passer le seuil de sa porte à nul denier qui entre mal, de grandes richesses, présent de la fortune, fruit de la vertu, ne seront par lui, ni refusées, ni exclues. Et quel motif aurait-il de leur faire tort d’un bon gîte ? Qu’elles entrent, qu’elles reçoivent l’hospitalité. Il ne lui arrivera, ni d’en faire parade, ni de les cacher ; le premier est d’un sot, le second est d’un homme craintif et pusillanime, qui semble tenir un grand bien renfermé dans son sein. Mais, comme je l’ai dit, le sage ne les chassera pas non plus de sa maison. En effet, dira-t-il, êtes-vous donc inutiles, ou bien, moi, ne sais-je point user des richesses ? Pouvant faire une route à pied, il aimera cependant mieux monter en voiture ; de même,