Page:Sénèque - Œuvres complètes, Tome 3, édition Rozoir, 1832.djvu/377

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parricide et l’usurpateur du trône de son roi, de son père. Tout cela n’a rien produit : seulement, la pudeur qui empêche de mal faire était enlevée aux hommes, s’ils avaient cru que tels fussent les dieux. Mais, quoique vos propos ne me blessent en rien, c’est pour vous-mêmes cependant, que je vous avertis. Levez les yeux sur la vertu ; croyez ceux qui, après l’avoir suivie longtemps, déclarent à haute voix, qu’ils suivent quelque chose qui, de jour en jour, parait plus grand encore. Rendez honneur, à elle, comme aux dieux, à ceux qui la professent, comme aux ministres d’un culte ; et chaque fois qu’il sera fait mention solennelle des livres sacrés : « Soyez attentifs ». Cette formule ne signifie pas, comme la plupart des gens le pensent, que l’on réclame la faveur ; mais on commande le silence, afin que la cérémonie religieuse puisse être achevée régulièrement, sans que le bruit d’aucune mauvaise parole vienne l’interrompre46.

XXVII. Il est encore bien plus nécessaire de vous le commander, à vous, afin que chaque fois qu’on prononcera quelque parole venant de cet oracle, vous écoutiez attentivement, et sans dire un mot. Lorsqu’un de ces hommes qui agitent le cistre47 ment par ordre supérieur, lorsqu’un de ceux qui ont l’art de se faire des entailles dans les muscles, ensanglante ses bras et ses épaules, d’une main qui n’appuie guère48, lorsqu’un autre, se traînant sur les genoux à travers la voie publique, pousse des hurlements, et lorsqu’un vieillard en robe de lin, portant devant lui une branche de laurier, avec une lanterne en plein midi49, vient crier à tue-tête, que quelqu’un des dieux est irrité, vous accourez en foule, vous écoutez, et nourrissant, avec un zèle réciproque,