Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/101

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et ces habits lugubres que porte mon épouse ? Pourquoi ce honteux désordre dans la parure de nos enfans ? Quel malheur est venu s’appesantir sur ma famille ?

AMPHITRYON.

Ton beau-père a été tué : Lycus règne à sa place ; la vie de tes enfans, de ton père, de ta femme, est par lui menacée.

HERCULE.

Terre ingrate ! Personne n’est venu au secours de la famille d’Hercule ? l’univers défendu par ces mains a pu voir avec indifférence un pareil attentat ! Mais pourquoi perdre le temps en plaintes inutiles ; il faut immoler mon ennemi.

THÉSÉE.

Ton courage doit-il recevoir un pareil affront ? Lycus sera-t-il le dernier ennemi d’Hercule ? Non, c’est moi qui cours verser le sang de ce misérable.

HERCULE.

Reste ici, cher Thésée, pour repousser toute attaque soudaine ; moi, je vole au combat. Je recevrai plus tard vos embrassemens, ô mon père ! et les tiens aussi, chère épouse. Il faut d’abord que Lycus aille porter à Pluton la nouvelle de mon retour en ces lieux.

THÉSÉE.

Reine, séchez ces pleurs qui défigurent votre visage ; et vous, puisque votre fils est vivant, retenez les larmes qui tombent de vos yeux. Je connais Hercule : bientôt la mort de Lycus aura vengé celle de Créon ; dire qu’il mourra, c’est trop peu ; il meurt, que dis-je ? non, mais il est déjà mort.