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Scène III.

CHŒUR DE THÉBAINS.

Eurysthée, que Junon fit naître avant Hercule, avait ordonné à ce héros de pénétrer jusqu’aux dernières profondeurs du monde : il ne lui manquait plus pour fermer la liste de ses travaux que de vaincre Pluton, roi de la troisième partie de l’univers. Hercule a eu l’audace de tenter le ténébreux passage qui mène au sombre pays des Mânes, voie funeste, et semée de noires forêts, mais fréquentée par la foule innombrable des âmes qui descendent aux enfers. Comme les habitans des villes s’empressent au théâtre, attirés par la nouveauté des jeux ; comme les peuples accourent aux combats d’Olympie, quand le cinquième été ramène les fêtes de Jupiter ; comme au retour des longues nuits, quand la Balance vient allonger les heures du sommeil et partage également le cours du soleil entre les deux hémisphères, la foule se rend aux mystérieux sacrifices de Cérès, et que les initiés de l’Attique sortent de leurs maisons pour célébrer les nocturnes cérémonies d’Éleusis ; telle et aussi nombreuse est la foule qui chemine sur la route silencieuse des enfers. Les uns se traînent à pas lents, sous le poids des années, tristes, et rassasiés de jours ; d’autres, plus jeunes, marchent aussi plus vite ; ce sont les vierges qui n’ont point connu les nœuds sacrés de l’hymen, des adolescens qui n’ont point coupé leur première chevelure, des enfans qui commencent à peine à bégayer le nom de