Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/127

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

lons. Que les rameaux du peuplier se tressent en couronnes sur nos têtes ; vous, Thésée, mettez autour de la vôtre l’olivier de la ville de Minerve ; nous adorerons, nous, le maître du tonnerre ; vos hommages s’adresseront aux fondateurs de Thèbes, à la grotte sauvage du belliqueux Zéthus, à la fontaine célèbre de Dircé, au dieu tyrien qu’un roi étranger apporta parmi nous. Jetez de l’encens sur les brasiers sacrés.

AMPHITRYON.

Mon fils, il faudrait d’abord purifier tes mains souillées de carnage et teintes du sang ennemi.

HERCULE.

Que ne puis-je au contraire offrir aux dieux le sang de cet homme impie ! jamais libation plus agréable n’eût coulé sur un autel : la victime la plus méritoire et la plus acceptable qui puisse être sacrifiée à Jupiter, c’est un tyran.

AMPHITRYON.

Demande à ton père la fin de tes rudes travaux ; prie-le de mettre un terme à tes fatigues.

HERCULE.

Je vais prononcer des vœux dignes de Jupiter et dignes de moi. Que le ciel, la terre et l’air maintiennent leur antique harmonie ; que les astres accomplissent sans désordre leurs révolutions éternelles ; qu’une profonde paix descende sur le monde ; que le fer ne serve désormais qu’aux travaux innocens qui fécondent la terre ; que l’épée disparaisse ; plus de vents furieux qui soulèvent les flots, plus de foudres lancées par la main vengeresse