Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/135

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fois autour de sa tête, et l'a lancé avec fureur. La tête a retenti en se brisant contre la pierre, et la cervelle a jailli contre les murailles. Mais voici la malheureuse Mégare qui, tremblante et égarée, s’échappe de sa retraite en cachant dans son sein le plus jeune de ses enfans.

HERCULE.

Quand même tu pourrais fuir jusque dans les bras de Jupiter et t’y cacher, ma main saurait bien t’y atteindre et t’en arracher.

AMPHITRYON.

Où courez-vous, malheureuse ! quelle retraite, quel asile pensez-vous chercher ? il n’en est point au monde contre la fureur d’Hercule ; jetez-vous plutôt dans ses bras, en essayant de le fléchir par de douces prières.

MÉGARE.

Grâce ! ô mon époux, grâce ! reconnais Mégare ; cet enfant, c’est ta vivante image, c’est toi-même : vois-tu comme il te tend les mains ?

HERCULE.

Cette cruelle marâtre est en ma puissance ; viens, je vais te punir, et délivrer Jupiter du joug honteux que tu fais peser sur lui, mais avant la mère il faut tuer d’abord ce petit monstre.

MÉGARE.

Insensé, que vas-tu faire ? c’est ton sang que tu vas répandre !

AMPHITRYON.

Le pauvre enfant est déjà mort, avant d’avoir été frappé, de la peur que lui causent les regards enflammés