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ACTE CINQUIÈME.





Scène I.

HERCULE, AMPHITRYON, THÉSÉE.
HERCULE.

Quel est ce lieu-ci ? quel est ce pays, quelle est cette partie du monde ? où suis-je donc ? sous les feux du soleil levant, ou vers les climats de l’Ourse glacée ? est-ce enfin la pointe d’Hespérie que je vois, et les rivages de la mer Occidentale ? quel est cet air que je respire ? quelle est la terre où je repose ? c’est bien à Thèbes que je suis ; mais pourquoi ce palais détruit, ces corps sanglans ? Est-ce que les spectres effrayans de l’enfer m’obsèderaient encore ? Oui, même après mon retour à la lumière, ces monstres funèbres s’agitent devant moi. Je suis honteux de l’avouer, j’ai peur ; je ne sais quel pressentiment fatal me trouble, et m’annonce d’affreux malheurs. Où est mon père, où est mon épouse, si fière de ses nombreux enfans ? Pourquoi n’ai-je plus à mon bras gauche la dépouille du lion de Némée ? Qu’est devenu ce trophée qui me donnait à la fois une cuirasse pour les combats, une couche molle pour le sommeil ? Où est mon arc ? où sont mes flèches ? qui a pu m’ôter mes armes à moi vivant ? Quel homme a pu ravir de telles dépouilles, et ne pas