Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/177

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de continuelles révolutions. Que chassés de leur pays pour leurs crimes, ils n’y rentrent que pour en commettre de nouveaux, aussi insupportables aux autres qu’à eux-mêmes. Point de frein à leur fureur. Que le frère tremble devant le frère, le père devant le fils, le fils devant le père. Que la mort des enfans soit affreuse, mais surtout leur naissance. Que la femme attente aux jours de son mari. Qu’ils portent la guerre au delà des flots et que leur sang arrose tous les pays. Que l’orgueil de la victoire les porte à s’élever insolemment au dessus des autres chefs. Que l’adultère ne soit que la moindre tache de cette famille souillée ; périssent la confiance, l’amour, tous les droits de la fraternité. Que le ciel même soit troublé par vos crimes : pourquoi ces étoiles qui brillent à sa voûte, et ces feux nocturnes qui laissent tomber sur le monde leur vive lumière ? Qu’une nuit sombre les remplace, et que le jour s’éteigne. Bouleverse ton palais, évoque la haine, le meurtre, les funérailles ; que le génie de Tantale remplisse toute sa maison. Il faut la parer comme pour un jour de fête, en orner le seuil de lauriers verts, y allumer un feu splendide pour célébrer dignement ton arrivée. Il faut y renouveler, mais avec plus de victimes, l’attentat de la Thrace. Pourquoi la main de cet oncle est-elle oisive ? Pourquoi Thyeste ne pleure-t-il pas déjà ses enfants ? Quand va-t-on les retirer de la chaudière écumante pour les lui servir ? Que leurs membres soient mis en pièces, que le foyer paternel soit souillé de leur sang. Qu’on dresse la table, tu iras prendre part à ce festin du crime ; il n’est pas nouveau pour toi. Je te donne un jour tout entier ; pour ce repas, je