Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/205

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fusent de servir ma haine, s’ils repoussent toute pensée de guerre, s’ils aiment Thyeste comme leur oncle, il est leur père. C’est bien…… Mais le trouble du visage décèle bien des secrets ; malgré soi-même on se trahit dans de grands desseins. Qu’ils ignorent donc le crime dont ils vont être les instrumens. Et toi, songe à garder le silence.

LE GARDE.

Il est inutile de me le recommander. La terreur et la fidélité, mais la fidélité surtout, garderont vos secrets dans mon cœur.





Scène II.

LE CHŒUR.

Enfin cette noble famille, race puissante du vieil Inachus, a mis un terme à ses haines fraternelles. Quelle rage vous porte à répandre le sang l’un de l’autre, et à vous disputer le trône par des crimes ? Hommes jaloux de la puissance, vous ne savez pas où réside la véritable royauté. Ce ne sont point les richesses qui font les rois, ni l’éclat de la pourpre, ni le bandeau royal, ni l’or étincelant aux lambris. Celui-là seul est vraiment roi, qui sait se mettre au dessus de la crainte et calmer l’orage de ses passions ; qui ne se laisse point aller à la fougue d’une ambition déréglée, ni à la faveur passagère d’une multitude aveugle qui ne désire ni les trésors de l’Occident, ni ceux que le Tage roule parmi ses eaux dorées, ni les riches moissons de la chaude Libye. La foudre