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ACTE CINQUIÈME.





Scène I.

ATRÉE.

Je marche l’égal des dieux, je vois tous les hommes à mes pieds, et ma tête sublime atteint jusqu’au ciel. C’est maintenant que je règne, c’est maintenant que le trône de mon père est à moi. Les dieux ne me doivent plus rien, tous mes vœux sont remplis. Je suis content, c’est assez, je ne demande pas davantage. Mais pourquoi serait-ce assez ? Non : je ferai plus, je veux accabler ce père de la mort de ses enfans. Pour m’épargner toute pudeur, le jour s’est retiré ; à l’œuvre donc, pendant que le ciel me favorise. Que ne puis-je tenir tous les dieux qui ont fui devant moi, pour les traîner ici malgré eux et leur faire contempler ce festin qu’a préparé ma vengeance ! mais il suffit que Thyeste le voie. En dépit du jour qui nous retire sa lumière, je dissiperai les ténèbres qui te cachent l’excès de ton malheur. — Voilà trop long-temps qu’il est à table comme un convive heureux et tranquille. C’est assez de viandes, c’est assez de vin. Il ne faut pas qu’il soit ivre pour sentir sa misère. — Ouvrez les portes de ce palais comme pour un jour de fête. Il me tarde de voir