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ACTE TROISIÈME.




(Le commencement est perdu.)

Scène I.

JOCASTE, ANTIGONE, UN MESSAGER.
JOCASTE.

Heureuse Agavé ! cette Ménade cruelle fit trophée du crime horrible qu’elle avait commis, et porta au bout de son thyrse sanglant la tête de son fils mis en pièces. Elle a commis ce forfait, mais du moins ce forfait n’est pas allé plus loin. Pour moi, c’est peu d’être coupable, j’ai fait partager mon crime à d’autres ; cela même serait peu de chose encore, mais je l’ai perpétué dans mes enfans. Il ne manquait à l’excès de ma misère que de chérir l’ennemi de ma patrie. Trois fois l’hiver a retiré ses neiges, et les épis sont tombés trois fois sous le tranchant de la faux, depuis que Polynice mène la vie errante de l’exil, et, banni de sa patrie, implore l’assistance des rois de la Grèce. Il a épousé la fille d’Adraste, dont le sceptre commande à cette mer qui entoure l’isthme de Corinthe. Ce prince conduit les armées de sept rois au secours de son gendre. Quels vœux je dois former, quel parti je dois prendre dans cette lutte, je n’en sais