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ACTE SECOND.





Scène I.

LE CHŒUR, LA NOURRICE, PHÈDRE.
LE CHŒUR.

Parlez, ô nourrice, quelle nouvelle apportez-vous ? où est la reine ? dites-nous si le feu cruel qui la consume est apaisé ?

LA NOURRICE.

Nul espoir d’adoucir un mal si grand ; cette flamme insensée n’aura point de fin. Une brûlante ardeur la dévore intérieurement ; malgré ses efforts pour la cacher, cette passion concentrée s’échappe de son sein et se montre sur son visage. Le feu brille dans ses yeux, et ses paupières abaissées fuient la lumière du jour. Capricieuse et troublée, rien ne lui plaît long-temps. Elle s’agite en tous sens et se débat contre le mal qui la ronge. Tantôt ses genoux se dérobent sous elle comme si elle allait mourir, et sa tête s’incline sur son cou défaillant ; tantôt elle se remet sur sa couche, et, oubliant le sommeil, passe la nuit dans les larmes. Elle demande qu’on la soulève sur son lit, puis qu’on l’étende ; elle veut