Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/393

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coupes d’or ; il aime, lui, à puiser l’eau des sources dans le creux de sa main. Son repos est plus tranquille sur cette couche dure, où il s’étend avec sécurité. Il n’a point besoin d’une retraite obscure et profonde pour y cacher ses intrigues coupables, la crainte ne le force pas de s’enfermer dans“ les détours d’une demeure impéné- trable à tous les yeux. Il cherche l’air et la lumière, et il se plaît‘ à vivre sous la voûte du ciel. Telle fut sans doute la vie des premiers hommes reçus au rang des demi-dieux. L’ardente soif de l’or n’était point connue dans ces âges d’innocence ; nulle pierre sacrée ne déter— Ininait alors les droits de chacun et la borne des champs, les vaisseaux ne sillonnaient point encore les mers ; chacuna ne connaissait que son rivage. Les villes 11e s’étaient point encore enfermées d’une vaste ceinture de murailles et de tours. La main du soldat n’était point armée du fer homicide, et la baliste ne lançait point d’é- normes pierres contre les portes ennemies pour les briser ; la terre assujétie ne gémissait point sous les pas du bœuf attelé au joug ; mais les campagnes fertiles nourrissaient d’elles-mêmes l’homme qui ne leur deman- dait rien ; il trouvait sur les arbres, il trouvait au fond des antres obscurs des richesses et des demeures natu- relles. Mais cette alliance de l’homme avec la nature fut brisée par la fureur d’acquérir, par ; la colère aveugle, par toutes le’s passions qui bouleversent les âmes. La soif impie de commander se fit sentir dans le monde, le faible devint la proie du puissant, la force fut érigée en droit. Les hommes se firent la guerre, d’abord avec leurs seules mains ; les pierres ; et les branches des arbres