Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/407

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famille nous a perdues toutes deux ; tu as aime le père et j’aime le fils. — Hippolyte, vous voyez suppliante à vos pieds l’héritière d’une royale maison ; pure et sans tache, et vertueuse jusqu’à ce moment, c’est vous seul qui m’avez rendue faible. Je m’abaisse jusqu’aux prières, c’est un parti pris, il faut que ce jour termine ma vie ou mon tourment ; prenez pitié de mon amour.

HIPPOLYTE.

Puissant maître des dieux, tu n’as pas encore venge ce erimel tu le vois sans colèrel Quand donc tes mains lanceront-elles la foudre, si le ciel reste calme en ce momentiJ Que l’Ûlympe tout entier S’ébranle, et que d’épaisses ténèbres cachent la face du jour. Que les astres reculent dans leur cours, et retournent en arrière ; toi surtout, roi de la lumière, peux-tu bien voir d’un oeil tranquille ce forfait monstrueux. de l’un de tes enfansi‘ Dérobe-nous la clarté du jour, et cache-toi dans la nuit. Pourquoi ta main n’est-elle pas armée, roi des dieux et des hommes ? pourquoi ta foudre aux trois carreaux n’a-t-elle pas encore embrasé l’univers ? Tonne sur moi, frappe-moi, que tes feux rapides me consument ; je suis cou— pable, j’ai mérité de mourir. Je suis aimé de la femme de mon père : elle m’a cru capable de partager sa flamme adultère et criminelle ! Seul donc je vous ai semblé une proie facile ? c’est mon indifférence pour votre sexe qui m’a. valu ce fatal amour ? Û la plus coupable de toutes les femmesl ô fille plus déréglée dans vos passions que votre mère qui a mis un monstre au jourl Elle ne s’est souillée du moins que par l’adultère ; son crime long— temps caché s’est découvert dans les deux natures de