Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/411

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assez ? Les eaux m’éotides qui vont se perdre dans la mer de Pont, sous des climats glacés, laveront-elles ma souillure ? Oh‘. non, l’Océan lui-même avec tous ses flots n’effacerait pas ‘la trace d’un pareil crime. 0 boisl ô bêtes des forêts !

LA NOURRICE.

Pourquoi hésiter ? c’est à nous de rejeter sur lui cet odieux attentat et de l’accuser lui—même d’une flamme incestueuse. Ceuvrons une accusation par une autre : le plus sûr , quand on craint, c’est de faire le premier pas, et d’attaquer. Tout s’est passé dans le secret, nul témoin ne viendra dire si nous sommes les auteurs ou les vic— times de cet attentat. Athéniens ,’accourez ; au secours, fidèles serviteurs. Un infâme séducteur, Hippolyte, presse et menace la femme de Thésée ; il tient le fer en main , et veut effrayer cette chaste épouse par l’image de la mort. Il s’échappe d’un pas rapide, et, dans le trouble de sa ’ fuite précipitée, son glaive est tombé ; le voici ; je tiens la preuve de son crime. Secourez d’abord sa victime infor— tunéc. Ne touchez point à sa chevelure en désordre et lacérée par les mains du ravisseur, laissez-la comme un monument. de sa violence cruelle. Répandez cette hou- velle dans la ville. —— Et vous, chère maîtresse, re- prenez vos sens. Pourquoi déchirer votre sein et fuir tous les regards ? C’est la volonté qui rend une femme coun pahle, et non le malheur.