Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/415

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la soeur de Phèdrc avait aimé avant toi. Beauté, don périssable que les dieux font aux mortels, et qui ne dures qu’un moment, avec quelle vitesse, hélasl tu te flétrisl moins promptement se fane la fleur printanière des prairies sous les feux brûlans de l’été ; quand le soleil au solstice répand toute l’ardeur de ses rayons du haut du ciel et amène la nuit derrière son char rapide, les blanches feuilles du lis perdent leur beauté, la rose qui pare les plus nobles têtes, se fane et se décolore. Ainsi le doux incarnat de la jeunesse passe en un moment, chaque jour détruit quelqu’une desgrâces d’un beau corps. La beauté est chose passagère : quel homme sage pourrait se confier en ce bien fragile ? il faut en jouir tant qu’on la possède. Le temps nous détruit en silence, et chaque heure nouvelle vaut moins que celle qui l’a pre— cédée. Pourquoi chercher la solitude, ô Hippolyte ? la beauté ne court pas moins de danger dans les déserts. Si tu te reposes à midi au fond d’un bois solitaire, tu seras la proie des Naïades agaçantes, qui entraînent et retiennent dans leurs eaux les jeunes hommes dont la beauté les charme : les Dryades lascives et les Faunes des montagnes te dresserout des embûches pendant ton sommeil. 0o bien la reine des nuits, moins ancienne que les habitons de l’Arcadie, te con_templera du haut de la voûte étoilée, let oubliera de tenir en main les rênes de son char. Dernièrement nous l’avons vue rougir, sans qu’aucun nuage obscurcit la’hlaucheur (le son visagefiffrayés de cette lumière trouble et décom- posée, nous avons cru que les enchantemens des magi— riennes de 'l’hcssalie l’avaient fait descendre sur la terre