Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/447

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leur commande ; ils s’efforcent de briser le joug qui les arrête, et, se dressant sur leurs pieds, précipitent le char : Hippolyte renversé' tombe sur le visage, et son corps s’embarrasse dans les rênes ; il se débat, et ne fait que resserrer davantage les nœuds qui le pressent. Les chevaux s’aperçoivent du succès de leurs efforts, et, libres enfin de leurs mouvemens, entraînent le char vide partout où l’effroi les conduit. C’est ainsi que les coursiers du Soleil, ne sentant point dans son char le poids accoutumé, et croyant traîner un usurpateur, s’emportèrent dans leur course, et renversèrent Phaétbon du haut des airs. Le sang d’Hippolyte rougit au loin les campagnes ; sa tête résonne et se brise contre les ro- chers ; ses cheveux sont arrachés par les ronces, les pierres insensibles déchirent son noble visage, et sa beauté, cause de tous ses malheurs, disparaît sous mille blessures. m— Le char continue de fuir avec la même vi- tesse et d’entraîner sa victime espirante. Enfin il donne contre un tronc d’arbre brûlé dont la pointe aigüe et dressée arrête le corps d’Hippolyte et lui entre dans les entrailles ; ce triste incident tient le char quelque temps immobile ; mais les chevaux, un moment entraves, font un effort qui rompt l’obstacle et brise le corps de leur maître. Il a cessé de vivre ; déchiré par les ronces et par les pointes aigües des buissons, tout son corps devient une proie dont chaque arbre de la route accroche un lambeau. -—u Ses tristes serviteurs parcourent la campa- gne avec (les cris funèbres, et suivent pas à pas les traces l gémis sans cherchent partout ses membres épars. Ces soins que le sang de leur maître a laissées ; ses chiens