Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/449

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empressés n’ont pu réunir encore tous les débris de son corps. Est-ce donc là tout ce qui reste de cette beauté merveilleuse ? Hélasl ce jeune prince qui tout-à-l’heure partageaitle trône et la gloire de son noble père dont il devait sans doute. posséder l’héritage, et qui brillait comme un astre aux yeux des hommes, le voilà main- tenant ! C’est lui dont on rassemble les membres pour le bûcher, c’est lui dont la dépouille attend les honneurs du tombeau.

THÉSÉE.

O nature, naturel combien sont forts ces liens du sang qui attachent le coeur des pères à leurs enfansl Malgré moi-même, il faut plier sous ta puissance. J’ai voulu le tuer coupable, mort je dois le pleurer.

LE MESSAGER.

Il ne convient pas de déplorer un accident qu’on a soi—même appelé de tous ses vœux.

THÉSÉE.

Je regarde comme le plus grand malheur ce soin que prend la fortune de réaliser des souhaits impies.

LE MESSAGER.

Si vous gardez votre colère contre votre fils, pour-v- quoi’ ces larmes qui coulent de vos yeux ?

THÉSÉE.

Si je pleure, ce n’est pas pou-r l’avoir perdu, mais pour l’avoir tué.