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Scène II.

THÉSÉE, LE CHŒUR.
THÉSÉE.

Tristes profondeurs de l’Érèbe, et vous, cavernes du Ténare, eau du Léthé si chère aux malheureux, et vous, flots dormans du Oocyte, je suis nu coupable, entraî- nez-moi dans vos abîmes et me dévouer : à des tourmeus éternels. Monstres affreux de l’Océan, que Protée cache dans les gouffres les plus profonds de la mer, ac- courez, et précipitez dans vos noires demeures un misé- rable qui, tout-à-l’heure encore, s’applaudissait du plus grand des crimes. Et toi aussi, mon père, toujours si prompt à servir mes vengeances, arme-toi pour me punir ; n’ai-je pas mérité la mort ? J’ai livré mon fils à un trépas horrible et inconnu, j’ai semé par les cam- pagnes ses membres dispersés, et, en poursuivant la ven- geance d’un forfait imaginaire, je me suis souillé moi- même d’un forfait véritable. Le ciel, la mer et les enfers sont pleins de mes crimes, il ne me reste plus de place pour en commettre d’autres, j’ai souillé le triple héritage des enfans de Saturne. Si je veux remonter sur la terre, je n’en trouve la route que pour être témoin de deux morts déplorables, pour perdre à la fois mon épouse et. mon fils, pour rester seul dans le monde, après avoir allumé à la fois les bi’ichers qui doivent consumer ces deux êtres si cbers' ; I à’tna tendresse. -— O toi qui m’as rendu ce jour que je déteste, ô Alcide, rends à Pluton la victime que tu lui avais arrachée, rends-moi l’enfer