Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/461

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que tu m’as ôté. Hélasl c’est en vain que j’invoque la mort dont j’ai déserté l’empire. Homme cruel et violent qui as inventé des supplices terribles et inconnus, sois juste et inflige-toi à toi-même le châtiment que tu as mérité. Ramène jusqu’à terre’la cime d’un pin sour- cilleux, et qu’en se redressant vers le ciel il déchire ton corps en deux parties, ou lance-toi du haut des rochers de Scyron. J’ai vu de mes yeux les tourmens plus affreux encore que les victimes du Phlégéthon su— bissent enfermées dans ses vagues de feu. Je connais le supplice et le séjour qui m’attendent. Faites-moi place, ombres coupables ; repose tes bras fatigués, fils d’Éole, ma tête va se courber sous le poids éternel du rocher qui t’accable. Que le fleuve de Tantale vienne se jouer autour de mes lèvres trempées. Que le cruel vautour de Tityus le quitte pour s’abattre sur moi, et que mon foie, renaissant toujours, éternise mon supplice. Repose- toi, père de mon cher Pirithoüs, et que le branle de ta roue qui ne s’arrête point, brise mes membres dans le tourbillon des cercles qu’elle décrit. O terre, entr’ouvre— toil laisse-moi descendre dans tes abîmes, sombre Chaos ; cette fois, mieux que la première, j’ai le droit de pénétrer dans la nuit infernale : c’est mon fils que je veux y chercher. Ne crains rien, dieu du sombre empire, je ne viens vers toi qu’avec de chastes’pensées, reçois- moi dans la demeure éternelle pour n’en plus sortir. Les dieux sont sourds à mes prières : si mes vœux étaient criminels, qu’ils seraient prompts à les exaucer].

LE CHŒUR.

Théséc, le temps ne manquera pas à vos plaintes.