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du même auteur, de venir mal-à-propos, et de ralentir l’action par une déclamation frivole et toujours trop longue. Tout y est simple, élevé, dans le sujet. La tragédie grecque et latine n’offrent pas, à notre avis, de morceau plus convenable et plus achevé.

Acte IV. Page 89. Dieu vainqueur de Lycurgue. C’est Bacchus ; quant à Lycurgue, roi de Thrace, qui voulait bannir la vigne de ses états, et qui se coupa la jambe en voulant couper un cep, voyez notes sur Œdipe, au deuxième volume des tragédies de Sénèque.

Page 91. Que les rameaux du peuplier se tressent en couronnes sur nos têtes. Voyez le dernier vers du chœur au troisième acte. Le peuplier était consacré à Hercule :

Populus Alcidæ gratissima,

dit Virgile, Bucol. vii, v. 61.

Zéthus… Dircé. Voir les notes sur Œdipe au tome II de notre Sénèque.

La victime la plus méritoire, etc. Il est inutile de rappeler au lecteur la fortune qu’ont faite ces vers que notre poète a mis dans la bouche d’Hercule. Il n’en est pas de plus propres en effet à élever la violence du fanatisme politique jusqu’à la fureur du fanatisme religieux.

Je vais prononcer des vœux dignes de Jupiter et dignes de moi. Cette prière d’Hercule est sublime ; en voici l’imitation assez heureuse par le père de la tragédie française le maître du grand Corneille :

Oyez si mon esprit conçoit une prière
Séante dans ma bouche et digne de mon père !
Que ce globe azuré soit constant en son cours,
Qu’à jamais le soleil y divise les jours ;
Que d’un ordre éternel sa sœur, brillante et pure,
Aux heures de la nuit éclaire la nature ;
Que la terre donnée en partage aux humains,
Ne soit jamais ingrate au travail de leurs mains ;