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s’agit encore de Caligula : il avait fait décapiter un Jupiter venu de Grèce, pour mettre sa tête à la place de celle du dieu ; quelques-uns même en étaient venus à lui donner le nom de Jupiter Latial. Voyez SUÉTONE, Vie de Caligula, ch. XXII.

Page 181. Point de forêts dont les arbres se balancent sur le toit de mes palais ; point d’étangs dont les eaux fument chauffés par la main des hommes. « N’est-ce pas vivre contre nature, que de semer des vergers au sommet des tours, et d’avoir des forêts qui se balancent au dessus du toit des maisons ? N’est-ce pas vivre contre nature, que de bâtir des thermes au sein de la mer, et de ne se pas croire à son aise pour nager, si l’on n’a dans son bain des vagues et des tempêtes ? SÉNÈQUE, lettre CXXIII. Voyez ce que Suétone, Vie de Néron, ch. XXXI, dit des bains de ce prince et de cette piscine qu’il avait commencé de faire creuser, du cap Misène au lac Averne, et qui devait contenir toutes les eaux thermales de Baïes.

Page 183. S’il m’en prie, je dois craindre ; il y a là quelque piège tendu autour de moi. Plisthène fait la même réponse à Thessandre, dans l’Atrée et Thyeste de Crébillon :

Et moi, je ne vois rien dont mon cœur ne frémisse.
De quelque crime affreux cette fête est complice :
C’est assez qu’un tyran la consacre en ces lieux ;
Et nous sommes perdus, s’il invoque les dieux.

(Acte V, sc. 2.)

C’est pour vous me semble redoutable. Cette parole est belle dans la bouche de Thyeste. S’il est tranquille pour lui-même, ce n’est pas qu’il prévoie le sort de ses enfans tel qu’Atrée doit le faire, et sache d’avance qu’eux seuls doivent périr ; mais il fait abnégation de sa propre vie, et ne s’inquiète que pour celle de ses fils :

Ah ! je ne fuirais pas, quel que fût mon effroi,
Si mon cœur aujourd’hui ne tremblait que pour moi.

(Atrée et Thyeste, acte V, sc. 2.)


Vous craignez sa perfidie, maintenant que vous êtes en sa puissance ! On ne peut disconvenir qu’il n’y ait beaucoup d’art à