Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 1.pdf/503

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A-t-il prétendu parier d’arbres qui prennent feu d’eux-mêmes, ou bien d’arbres qui semblent seulement brûler, comme ceux dont Lucain parle dans la description de la forêt de Marseille ?

Et non ardentis fulgere incendia silvæ ?

Le texte laisse chacun libre d’adopter le sens qui lui plaira le mieux.

Page 203. Rien ne manque à l’ordre prescrit pour les sacrifices. Voir à notre tome deuxième des tragédies de Sénèque, Œdipe, acte II, sc. 2 et les notes.

Et quel est le sacrificateur ? Cette question se rapporte au récit de l’envoyé, mais elle fait peu d’honneur au bon sens et à la sensibilité des vieillards d’Argos. Les détails minutieux et puérils qu’on trouvera dans la suite de ce récit méritent le même reproche.

Page 205. (Ne croyez pas qu’il manque de piété filiale). Le sens de cette parenthèse nous échappe. C’est à lui-même apparemment qu’Atrée immole les trois enfans de son frère. Que vient donc faire ici Tantale, et la supposition du poète que c’est à lui que la première victime est sacrifiée ? Le nom seul de l’enfant justifie cette idée, et c’est trop peu.

Page 207. Le malheureux tombe, mourant de sa double blessure. Il n’y a point deux blessures, mais une seule. Sénèque paraît imiter ici, mais avec le goût de son époque, un passage d’Ovide :

· · · · · · · · · · · · Missa fugientia terga sagitta
Trajicit : exstabat ferrum de vulnere aduncum.
Quod simul evulsum est, sanguis per utrumque foramen
Emicuit · · · · · · · · · ·

(Metam., lib. IX, v. 127.)

Ovide parle de deux ouvertures, ce qui est tout naturel ; Sénèque dit : une double blessure, vu le progrès du bon goût.

Il faut convenir que si notre auteur a suivi le précepte d’Horace, qui défend de mettre sur la scène le festin d’Atrée, il s’en est bien dédommagé par le récit. Il est impossible de remplir les oreilles de plus d’horreurs, en ménageant les yeux.