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Page 221. Un hoquet…. Nous demandons pardon au lecteur de ce mot qui ne rend pourtant pas tout entière l’expression latine, eructat ; nous avons cru que c’était déjà beaucoup de l’indiquer.

O mon âme, fatiguée par de longues infortunes, dépose le fardeau de tes soucis inquiets. Nous ne pouvons affirmer que cet hymne fût un véritable chant. Néanmoins ce qui précède semble l’indiquer : le voilà qui chante, dit Atrée. La mesure des vers n’est point celle des monologues, ni des dialogues, mais une mesure particulière, comme celle des chœurs.

Quant au mérite de cet hymne, comme poésie, nous le croyons grand sous tous les rapports. Cet homme si malheureux qui chante l’oubli des peines passées, cette enveloppe de bonheur qu’une pensée amère soulève et détruit, cette âme qui s’inquiète et se trouble dans sa joie, ces ris mêlés à des pleurs, ces cris lugubres parmi des chants d’ivresse, cette lutte de sentimens contraires qui finit par un doute encore plus triste qu’elle, tout cela fortement senti, et vivement exprimé, nous semble de nature à produire les plus terribles impressions sur l’esprit des spectateurs.

Page 227. Vous voulez voir leurs visages, vous les verrez, et je les mettrai tous dans votre sein. Toutes les paroles d’Atrée, depuis le commencement de cette scène, sont équivoques et à double sens. Ici il joue, aussi misérablement que possible, sur les mots. Ora, quæ exoptas, dabo, dit le texte ; ora signifie à la fois visages et têtes.

Cette coupe devient lourde, et mon bras ne peut plus la soutenir.

Le soleil s’obscurcit, et la coupe sanglante
Semble fuir d’elle-même à cette main tremblante.

(CRÉBILLON, Atrée et Thyeste, acte V, sc. 7)

Ah ! rendez-moi mes enfans.

THYESTE.

Cependant je ne vois point mon fils.

ATRÉE.

Il n’est point de retour ? Rassurez-vous, mon frère ;
Vous reverrez bientôt une tête si chère :
C’est de notre union le nœud le plus sacré ;
Craignez moins que jamais d’en être séparé.

Ibid.