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Scène II.

LE CHŒUR.

Vous périssez, généreux enfans de Cadmus, et votre ville toute entière ; la malheureuse Thèbes voit ses campagnes désertes d’habitans. Divin Bacchus, la mort mois— sonne ce peuple de guerriers qui te suivirent jusqu’aux extrémités de l’Inde, osèrent pénétrer dans les plaines de l’Aurore et planter tes étendards victorieux sur le berceau du monde. Ils ont vu, sous ta conduite, les forêts embaumées de l’Arabie Heureuse ; ils ont affronté les flèches perfides que lance le Parthe, si redoutable dans sa fuite ; ils ont abordé aux rivages de la mer Rouge, et parcouru ces climats où le soleil darde ses premiers feux, et noireit les Indiens nus, trop voisins de son lit enflammé.

Enfans d’une race invincible, nous périssons ; une destinée fatale nous entraîne. Chaque instant voit un nouveau triomphe de la mort ; une longue file siavance vers le séjour des mânes, le cortège lugubre s’embarrasse, et nos sept portes ne suffisent plus au passage de cette foule qui s’achemine vers les tombeaux : les cadavres s’amassent, et les convois funèbres se pressent : les uns les autres.

Ce sont les troupeaux qui ont senti les premières atteintes ; l’agneau malade a dédaigne l’herbe des gras pû- turages. Au moment où le sacrifieateur allait immoler