Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/241

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vanter à la fois le ciel et la terre. Blessures, meurtre, membres épars et sans sépulture, qu’est-ce que cela ? mes premiers essais de jeune fille. Je veux que ma colère aujourd’hui soit plus terrible ; femme et mère, il me faut de plus grands forfaits. Arme-toi de fureur, et prépare tout ce que tu as de rage et de puissance pour détruire ; que le souvenir de ta répudiation soit sanglant comme celui de tes noces. Comment vas-tu quitter ton époux ? comme tu l’as suivi. Abrège ces vains retards ; tu es entrée dans ce palais par un crime, c’est par un crime qu’il faut en sortir.


Scène II.

Le chœur

Dieux du ciel et de la mer, daignez favoriser ce royal hymen ; et vous, peuples, apportez vos prières et vos vœux. D’abord, qu’un taureau blanc vienne présenter sa tête superbe aux autels de Jupiter et de Junon, dans les mains desquels résident le sceptre et la foudre. Sacrifions à Lucine, pour nous la rendre propice, une génisse blanche comme la neige, et qui n’ait jamais subi le joug. Immolons ensuite une victime plus tendre à la déesse qui enchaîne les mains sanglantes et les fureurs de Mars, qui dicte des traités d’alliance aux nations belliqueuses, et verse l’abondance de sa corne fertile. Et toi, qui marches précédé de flambeaux légitimes, et dont la main