Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/247

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ACTE SECOND.


Scène I.


Médée, La nourrice.

.

Médée

Je me meurs ; des chants d’hymen ont frappé mon oreille. C’est à peine encore si je puis croire à mon malheur. Jason a-t-il pu en venir là ? Après m’avoir ôté mon père, ma patrie, mon royaume, m’abandonner ainsi seule sur une terre étrangère ! Le cruel a-t-il donc oublié mes bienfaits ? a-t-il oublié ma coupable puissance, qui a vaincu pour lui les flammes et les flots ? pense-t-il que j’ai épuisé tous les crimes, et qu’il ne m’en reste plus à commettre ?

Incertaine, égarée, je me tourne de tous côtés dans le transport qui m’agite, et cherche un moyen de me venger. Ah ! s’il avait un frère ! Mais il a une épouse : c’est elle qu’il faut frapper. — Est-ce donc assez pour le tourment que je souffre ? S’il est dans la Grèce, s’il est chez les nations barbares un crime que tes mains ne connaissent pas encore, apprête-toi à le commettre : les crimes passés t’y excitent ; il faut les rappeler tous : la toison d’or enlevée : ton frère, malheureux compagnon