Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/251

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Médée

C’est une légère douleur, que celle qui peut user de sagesse et se replier sur elle-même : les grandes souffrances ne se cachent pas ; il faut qu’elles éclatent librement.

La nourrice

Arrêtez cette fougue impétueuse, ma fille ; le silence même n’est déjà pas trop sûr pour vous.

Médée

La fortune, qui opprime les lâches, recule devant les âmes courageuses.

La nourrice

J’approuve le courage, mais quand il a lieu de se montrer.

Médée

Il n’est pas de moment où il soit mal-à-propos de montrer du courage.

La nourrice

Il ne vous reste aucun espoir dans le malheur qui vous accable.

Médée

Quand on n’espère plus, c’est alors qu’on ne doit pas désespérer.

La nourrice

Colchos est loin d’ici, votre perfide époux vous abandonne, et de toute votre puissance il ne vous rien.

Médée

Il me reste Médée : tu vois en elle la terre et les mers, le fer et le feu, les dieux et la foudre.