Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/257

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Créon

Cette honnête femme demande pourquoi on la chasse.

Médée

Si vous prononcez comme juge, il faut m’entendre ; si c’est comme tyran, vous n’avez qu’à ordonner.

Créon

Juste ou injuste, il faut obéir au commandement d’un roi.

Médée

Un pouvoir tyrannique ne peut subsister longtemps.

Créon

Va porter tes plaintes à Colchos.

Médée

J’y retourne ; que celui qui m’en a fait sortir m’y ramène.

Créon

J’ai prononcé ton arrêt, il n’est plus temps de réclamer.

Médée

Celui qui juge sans avoir entendu les deux parties, quand même il rendrait une sentence équitable, commet une injustice.

Créon

As-tu écouté Pélias avant de le tuer ? Mais parle ; je veux bien te laisser plaider une aussi belle cause.

Médée

Je sais par moi-même combien il est difficile d’apaiser le feu de la colère, et combien ceux dont l’orgueilleuse main porte le sceptre regardent comme une vertu royale de ne jamais revenir sur leurs pas : c’est une vérité que