Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/295

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toutes tes ressources. Le fruit de tant de crimes pour toi, c’est de ne plus connaître de crimes ; la ruse ne servirait de rien ici, on te craint. Frappe à l’endroit où l’on ne peut songer à se défendre ; allons, il faut oser, il faut exécuter ce qui est en ta puissance, et même ce qui est au dessus de tes forces.

Et toi, ma fidèle nourrice, la confidente de mes peines, la compagne de ma vie agitée, viens seconder mes tristes résolutions. Il me reste un manteau précieux, don céleste, consacré dans ma famille, et le plus bel ornement du trône de Colchos, donné par le Soleil à mon père, comme une marque de sa haute origine ; j’ai de plus un beau collier d’or, et un peigne d’or étincelant de pierreries, qui me sert à parer ma tête : je veux que mes enfants les offrent de ma part à la nouvelle épouse, mais après que je les aurai moi-même imprégnés d’un poison magique par la force de mes enchantements. Il faut invoquer Hécate, et préparer l’affreux sacrifice ; dressons l’autel, et que le feu s’allume.


Scène III.

Le chœur

Ni la violence des flammes, ni la force des vents, ni les flèches rapides, ne sont redoutables comme la fureur d’une femme répudiée, qui aime et qui hait tout ensemble.