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ACTE QUATRIÈME.


Scène I.

La nourrice

Mon âme est saisie d’horreur et d’effroi ; un malheur affreux se prépare. Le courroux de Médée s’augmente et s’enflamme d’une manière effrayante, et ses fureurs passées renaissent. Je l’ai vue souvent, dans ses transports, attaquer les dieux, et forcer le ciel même à lui obéir ; mais ce qu’elle médite en ce moment doit être plus terrible encore et plus étrange : car à peine s’est-elle échappée d’ici, d’un pas furieux, pour se renfermer dans son funeste sanctuaire, qu’elle a déployé toute sa puissance, et mis en œuvre des secrets qu’elle-même avait toujours redoutés, et tout ce qu’elle connaît de maléfices cachés, mystérieux, inconnus. Puis, étendant la main gauche sur son autel funeste, elle appelle tous les fléaux qu’enfantent les sables brûlants de la Libye, et ceux que les cimes glacées du Taurus tiennent enchaînés sous la neige éternelle ; elle appelle tous les monstres : attirés par ses évocations magiques, des reptiles sans nombre s’élancent de leurs retraites. Un vieux serpent s’avance, traînant avec effort sa masse énorme ; il allonge les