Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/31

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moi : c’est à Œdipe seul qu’il appartient d’expliquer les énigmes.

CRÉON.

Apollon veut que le meurtre du roi s’expie par l’exil du meurtrier ; il vous ordonne de venger la mort de Laïus. Ce n’est qu’à ce prix que la pureté du jour et la salubrité de l’air nous seront rendues.

ŒDIPE.

Et quel fut l’assassin de ce grand roi ? quel est celui que nomme le dieu ? parlez, et il sera puni.

CRÉON.

Promettez-moi, je vous prie, d’écouter sans colère le récit affreux de ce que j’ai vu et entendu. J’en suis encore tout tremblant d’effroi, et mon sang demeure glacé dans mes veines. Dès que mes pieds eurent franchi le seuil du sanctuaire, et que j’eus, selon l’usage, élevé mes mains suppliantes, en invoquant le dieu, les deux cimes neigeuses du Parnasse firent entendre un bruit terrible, le laurier sacré qui ombrage le temple s’ébranla et le temple même avec lui, et l’eau sainte de la fontaine de Castalie cessa de couler. La prêtresse alors commence à secouer d’une manière effrayante sa chevelure en désordre, et à se débattre contre le dieu qui l’obsède. À peine s’est-elle approchée de l’antre fatidique, qu’une voix plus qu’humaine éclate et fait entendre cette réponse :

« La pureté de l’air sera rendue aux Thébains quand l’étranger coupable du meurtre de Laïus, et connu d’A- pollon depuis son enfance, aura quitté les lieux qu’ar—

rosent les eaux (le Dirce, tributaires de l’Ismène. Il ne