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Scène III.

Le chœur

Où court cette ménade furieuse, dans l’égarement de son amour cruel ? Quel nouveau crime nous prépare la violence de ses transports ? Son visage est crispé de colère ; elle agite fièrement sa tête avec des gestes effrayants, et menace le roi lui-même. Croirait-on, à la voir, que c’est une exilée ? À l’ardente rougeur qui colorait ses joues succède une horrible pâleur ; toutes les teintes paraissent tour-à-tour sur sa figure changeante. Elle porte ses pas de tous côtés, comme une tigresse à qui on a dérobé ses petits parcourt dans sa fureur les forêts du Gange.

Ainsi Médée ne sait maîtriser ni sa rage ni son amour. L’amour et la rage conspirent ensemble dans son cœur : que va-t-il en résulter ? quand cette furie de la Colchide quittera-t-elle ce pays ? quand délivrera-t-elle notre royaume et nos rois de la terreur qu’elle inspire ?