Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/329

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vantable de Furies ? Qui cherchent-elles, et quel est le but que vont frapper leurs traits enflammés ? Pour qui sont les torches qu’agitent les mains sanglantes de ces filles d’enfer ? Des serpents gigantesques se dressent en sifflant sur leurs têtes. Quelle est la victime que Mégère veut frapper avec cette poutre qu’elle brandit entre ses mains ? Quelle est cette ombre qui traîne avec effort ses membres séparés ? C’est mon frère ; il demande vengeance ; il sera vengé. Tourne contre mes yeux toutes ces torches enflammées, tourmente, brûle ; j’ouvre mon sein aux Furies. Dis à ces divinités vengeresses de se retirer, ô mon frère ; dis-leur qu’elles peuvent retourner sans crainte au fond des enfers. Laisse-moi avec moi-même, et repose-toi sur ma main du soin de ta vengeance ; cette main, tu le sais, a déjà tiré l’épée. Voici la victime qui doit apaiser tes mânes.

Mais quel bruit soudain frappe mon oreille ? On arme contre moi, on en veut à ma vie. Je vais monter sur la terrasse élevée de ce palais, ma vengeance à moitié satisfaite. Toi, nourrice, viens, je t’emporterai avec moi de ces lieux. Maintenant, courage ! il ne faut pas que ta puissance reste cachée dans l’ombre ; il faut montrer à tout un peuple ce dont tu es capable.

Jason

Sujets fidèles, qui pleurez le malheur de vos rois, accourez tous, et que l’auteur de ce crime tombe entre nos mains : ici, braves guerriers, ici, frappez, détruisez ce palais de fond en comble.

Médée

J’ai recouvré mon sceptre, et mon frère, et mon