Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/331

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

père ; Colchos a reconquis la riche toison du bélier de Phryxus. Je reprends ma couronne et ma virginité ravie. Ô dieux redevenus propices ! ô jour de gloire et d’hyménée !…. Va, maintenant ton crime est consommé. — Ta vengeance ne l’est pas. Achève donc, pendant que tes mains sont à l’œuvre. Pourquoi hésiter, ô mon âme ? pourquoi balancer ? Tu peux aller jusqu’au bout. Ma colère est tombée, je me repens, j’ai honte de ce que je viens de faire. Qu’ai-je donc fait, malheureuse ? Le repentir ne sert de rien, maintenant que je l’ai fait. Voilà que, malgré moi, la joie rentre dans mon cœur ; elle s’augmente et devient plus vive ; il ne manquait à ma vengeance que Jason lui-même pour témoin. Il me semble que je n’ai rien fait encore ; ce sont des crimes perdus, que ceux que j’ai commis loin de ses yeux.

Jason

La voilà sur le bord du toit : lancez des feux contre elle, et qu’elle périsse consumée dans les flammes, instruments de ses forfaits.

Médée

Tiens, Jason, occupe-toi de faire les funérailles de tes enfants, et de leur élever un tombeau : ton épouse et ton beau-père ont reçu de moi la sépulture et les derniers honneurs qu’on doit aux morts. Celui-ci a déjà cessé de vivre ; l’autre va subir le même sort, et tes yeux le verront.

Jason

Au nom de tous les dieux, au nom de nos fuites communes, au nom de cet hymen dont je n’ai pas volontairement brisé les nœuds, épargne cet enfant. Si quelqu’un