Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/357

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pas que l’auteur ait attaché le même esprit à ses paroles. Il faut donc les entendre ici dans le sens de ces vers fameux :

Post mortem nihil est, ipsaque mors nihil.
Quæris quo jaceas post obitum loco ?
Quo non nata jacent.

(Troad., act. II, sc. 3.)

Page 83. Resserrent la fidélité des peuples. Cette locution est hardie, mais nous avons mieux aimé la risquer, que de nous jeter dans la paraphrase de cette locution brève et forte : adstringunt fidem.

Ce sont ces mains qui, tout enfant, vous ont remis à Polybe. Voici comment Voltaire a imité ce passage :

ICARE.

Le ciel qui, dans mes mains a remis votre enfance,
D’une profonde nuit couvre votre naissance :
Et je sais seulement qu’en naissant condamné,
Et sur un mont désert à périr destiné,
La lumière, sans moi, vous eût été ravie.

ŒDIPE.

Ainsi donc, mon malheur commence avec ma vie !
J’étais, dès le berceau, l’horreur de ma maison.
Où tombai-je en vos mains ?

ICARE.
Sur le mont Cithéron.
ŒDIPE.

Près de Thèbe ?

ICARE.

Un Thébain, qui se dit votre père,
Exposa votre enfance en ce lieu solitaire, etc.

(OEdipe, acte IV, sc. I.)

Vos pieds avaient été percés par un fer. « Dès que l’enfant, sur qui reposaient de sinistres oracles, était venu au monde, les auteurs de ses jours, en proie à mille terreurs, étouffant tous les sentimens de la nature, avaient résolu de le faire mourir. Ce triste