Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/49

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divin Bacehus, écoute les vœux que Thèbes, ta noble patrie, t’adresse aujourd’hui d’une voix suppliante. Tourne vers nous ta belle tête virginale ; qu’un regard de tes yeux brillans dissipe les nuages qui nous couvrent, les menaces de l’enfer, et la mort dévorante. Les fleurs du printemps qui se jouent dans ta chevelure, le bandeau syrien qui ceint ton front, le lierre qui le couronne, tes cheveux flottans ou noués sur la tête, tout relève l’éclat de ta beauté.

Jadis, craignant la colère d’une marâtre jalouse, tu déguisas ton sexe, tu pris le vêtement d’une vierge blonde, et ses riches habits, et sa voluptueuse ceinture. Depuis lors, tu t’es plu à conserver cette parure enchanteresse, et la robe flottante aux larges plis, qui descendaient sur les lions attelés à ton char superbe, quand tu parcourais en vainqueur les vastes plaines de l’Aurore, et les peuples du Gange, et ceux qui boivent les froides eaux de l’Araxe.

Le vieux Silène te suit sur sa joyeuse monture, la tête pesante et couronnée de pampres ; les prêtres de ton culte célèbrent en dansant les mystiques orgies. La troupe des Bassarides, qui t’accompagne, ébranle, du bruit de ses pas, tantôt la cime solitaire du Pangée, tantôt le sommet du Pinde ; la Ménade furieuse, revêtue de la peau de l’animal qui t’est consacré, vint, sur les pas du Bacchus