Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/59

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée
ŒDIPE.

Dites ce que vous savez, ou vous allez apprendre dans les Lourmens ce que peut le courroux d’un roi.

CRÉON.

Trop souvent les rois s’irritent d’une parole qu’ils ont eux-mêmes provoquée.

ŒDIPE.

Votre tête coupable paiera pour tous, si vous ne me révélez à l’instant les mystères de ce sacrifice.

CRÉON.

Permettez-moi (le me taire : c’est la moindre liberté qu’on puisse demander à un roi.

ŒDIPE.

Une liberté muette est souvent plus fatale aux rois et à leurs sujets, qu’une vérité hardie.

CRÉON.

S’il n’est pas permis (le se taire, quel bien reste-t-il à l’homme ?

ŒDIPE.

C’est trahir son roi , que de ne parler quand il l’or— donne.

CRÉON.

Je vous obéis malgré moi ; écoutez, du moins , sans colère.

ŒDIPE.

A-t-on jamais puni des paroles arrachées par vio- lenee ?

CRÉON.

A quelque distance de la ville, s’élève une épaisse fo- rêt d’yeuses, près de la vallée qu’arroseut les eaux de