Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 2.pdf/93

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connais pas entièrement ; mais il ne m’est pas tout-à— fait inconnu. N’est-ce pas vous qui, sous le règne de Laïus, conduisiez ses troupeaux dans les pâturages que domine le Cithéron ?

PHORBAS.

Oui, les riantes prairies du Cithéron offrent, tous les étés, une verdure nouvelle à mes troupeaux.

LE VIEILLARD.

Me reconnaissez-vous ?

PHORBAS.

Je n’ai de vous qu’un souvenir vague et con- fus.

ŒDIPE.

Te souviens-tu d’avoir remis un enfant à ce vieillard ? Parle. Tu hésites ! pourquoi changer de couleur ? pour- quoi chercher ce que tu as à dire ? Cette hésitation ne va point à la vérité.

PHORBAS.

C’est que vous m’interrogez sur des faits anciens, et

que le temps a presque effacés de ma mémoire.

ŒDIPE.

Dis la vérité, si tu ne veux pas y être contraint par la douleur.

PHORBAS.

J’ai, en effet, remis à cet homme un enfant ; mais c’était un présent bien inutile, “car l’enfant ne pouvait pas vivre.

LE VIEILLARD.

Que les dieux écartent ce présage ! Il vit, et puisse- t-il vivre long-temps !