Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/133

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pagnes de ma patrie, je raconterai mes malheurs dans mes tristes chants, et que la renommée parlera d’iole changée en oiseau !

J’ai vu, j’ai vu la mort de mon malheureux père ; la terrible massue a broyé ses membres et les a répandus dans tout son palais. Hélas ! si la destinée t’avait accordé un tombeau, combien de fois, ô mon père ! il eût fallu t’ensevelir ! Ai-je pu voir aussi ton trépas, cher Toxée, dont un léger duvet ne couvrait pas encore les joues, dont le sang n’avait pas encore l’énergie qui donne le courage ! Mais pourquoi pleurer sur vous, chers pareils qu’une même mort a mis à l’abri de tous les maux ? c’est sur mon propre sort qu’il faut verser mes larmes. Captive, je vais tenir la quenouille et tourner le fuseau sous les ordres d’une maîtresse orgueilleuse. Fatale beauté, don funeste qui doit causer ma mort ! c’est elle qui a renversé notre maison, par le refus de mon père de me donner à Hercule et de l’accepter pour gendre. Mais il faut me rendre au palais de celle à qui j’appartiens.

e Chœur

Il n’est plus temps de penser encore à la royauté de votre père et à vos nobles aïeux. Écartez le souvenir de votre grandeur passée. Heureux le mortel qui sait vivre