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Agamemnon, qui des mille vaisseaux marchant sous ses étendards couvrait la mer de Phrygie, rentre vainqueur après dix années d’absence, et va présenter la gorge au glaive de son épouse. Encore un moment, et le sang d’Atrée à son tour va couler dans ce palais. Je vois d’ici des armes, des épées, des haches à deux tranchans, et la tête du roi fendue en deux. Tous les crimes s’apprêtent ; les embûches, le meurtre, le sang, mais surtout le festin royal. Égisthe, voici l’heure pour laquelle tu es né. Quoi ! ton front s’incline sous le poids de la honte ! ton cœur hésite et ta main tremble ! Pourquoi délibérer en ton cœur si tu dois exécuter ce dessein ? pourquoi te tourmenter par le doute et t’interroger toi-même ? Songe à ta mère, et tu verras que tu le dois.

Mais pourquoi cette nuit d’été, qui devrait être si courte, s’allonge-t-elle jusqu’à la mesure des nuits d’hiver ? Quelle puissance retient encore au ciel les étoiles mourantes ? C’est moi qui arrête le soleil. Fuyons, et rendons le jour au monde.


Scène II.

CHŒUR DE FEMMES D’ARGOS.

O Fortune ! divinité funeste aux rois soumis à tes caprices, tu places toujours la grandeur souveraine sur une pente rapide au dessus d’un abîme. Le sceptre ne laisse aucun repos à ceux qui le portent, ils ne sont ja-