Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/21

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va cacher sa tête au sein des nues, gémit sous les coups de l’Auster pluvieux. Au sein des hautes forêts qui projettent une ombre immense les chênes séculaires sont brisés par les orages. La foudre tombe plus souvent sur les collines orgueilleuses ; les grands corps offrent plus de prise aux maladies. On laisse les moindres animaux courir et s’égarer dans les pâturages ; mais les plus nobles têtes des troupeaux sont réservées pour les sacrifices. Tout ce que la fortune élève, c’est pour le renverser ensuite ; mais la médiocrité donne une plus longue durée. Heureux l’homme qui, modestement caché dans la foule, ne laisse entrer dans ses voiles qu’un vent doux qui ne l’écarte point du rivage, et qui, craignant de livrer sa barque aux orages de la haute mer, tourne toujours vers la côte le mouvement de ses rames !