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Souvent la force de l’âme retient les larmes prêtes à couler, comme on voit que pendant l’été le soleil ne peut fondre les neiges du pôle, dont le froid glacial triomphe de sa douce chaleur.



Scène II

Hercule
Hercule

Abaisse tes regards sur mon malheur, ô mon père ! jamais Hercule n’implora le secours de ta main. Je n’ai point crié vers toi quand l’hydre m’enveloppait de ses têtes renaissantes, ni quand l’ordre du destin me fit descendre dans l’affreuse nuit des enfers. Dans mes combats contre tant de bêtes cruelles, contre tant de rois et de tyrans que j’ai vaincus, mes regards ne se sont point tournés vers le ciel. Toujours cette main a accompli mes vœux : aucune foudre n’a brillé pour moi dans le ciel. C’est la première fois que je suis réduit à demander quelque chose, et ce sera la dernière aussi ; je ne veux de toi qu’un coup de tonnerre. Prends-moi pour un des Géants : j’ai pu comme eux conquérir le ciel ; mais, persuadé que j’étais véritablement ton fils, je m’en suis abstenu. Par colère ou par amour, prête ta main à ton fils pressé de mourir, et assure-toi l’honneur de sa mort ;