Page:Sénèque - Tragédies, trad. Greslou, 1834, t. 3.pdf/243

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son âpre rocher ? Élevé jusqu’aux astres, j’échappe enfin, aux conditions de l’existence humaine. Qui m’ouvre l’entrée du ciel ? c’est toi, mon père, je te vois : je vois aussi Junon apaisée envers moi. Quelle voix céleste a frappé mon oreille ? l’épouse de Jupiter m’appelle son gendre. Je découvre devant moi le brillant palais de l’Olympe radieux, et la zone brûlante où glisse le char enflammé du Soleil. Maintenant je vois le triste séjour de la Nuit ; elle appelle les ténèbres. Qu’est-ce donc ? ô mon père ! quelle puissance me ferme le ciel et me fait descendre du séjour des dieux ?

Il n’y a qu’un moment, je sentais sur mon front le souffle brûlant du Soleil : j’étais si près du ciel, et c’est Trachine que je vois ! Qui me rend donc à la terre ? Tout à l’heure, je voyais l’Œta sous mes pieds, et le monde au dessous de moi. O douleur ! tu m’avais entièrement quitté ; maintenant je reconnais ta puissance, épargne-moi, et écoute ma prière.

Hyllus, voilà le présent que m’a fait ta mère ! voilà ses dons. Que ne puis-je d’un coup de massue briser cette femme coupable, comme j’ai dompté les cruelles Amazones sur les flancs neigeux du Caucase ! O fidèle Mégare ! faut-il que tu aies trouvé en moi un époux furieux ! Donnez-moi ma massue et mon arc : je veux souiller mes mains, je veux imprimer une tache à ma gloire ; il faut que la mort d’une femme couronne les travaux d’Hercule.

Hyllus

Calmez, ô mon père ! cette ardeur de vengeance ; elle n’est plus, c’en est fait : elle s’est infligé elle-même le